1er février : La vérité est-elle perdue ?

Sans oublier l'humour et le plaisir d'un dîner convivial je vous propose d'explorer ensemble ce qu'il y a de nouveau ou d'intemporel dans notre rapport à la vérité, en particulier dans ce monde de médias qui nous entoure. Les uns énoncent des contre-vérités grossières tout en "dénonçant" les fake news ; d'autres voient des causes cachées et des complots dans tout évènement provoquant un semblant d'émotion ; d'autres encore déroulent leur communication en dehors de tout rapport au réel, etc. Que ce soit au travail, dans les médias, ou même dans notre vie personnelle, notre temps semble donner totalement raison à Guy Debord qui prophétisait dès les années 60 que "toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s’annonce comme une immense accumulation de spectacles".
La nouveauté est que ces "spectacles" ont maintenant plus besoin de rencontrer une émotion qu'une raison, et le lien à la réalité est de moins en moins nécessaire aux nombreux canaux d'information qui nous irriguent de discours supposés tous se valoir. Tout se déroule comme si nous étions passés en quelques décennies d'une vérité vue comme correspondance entre un énoncé et une chose réelle (vision "correspondantiste" de la vérité), à une vérité qui ne serait le produit que d'une construction sociale (vision "constructiviste" de la vérité).
Côté table il y aura quelques surprises, au-delà du simple énoncé de notre menu :
Fraîcheur d’agrumes et fruits de mer
Mousse de beaufort et gratin dauphinois
Salade et fromages
Glace et sorbet maison
Champagne et vins de caviste

10 novembre : Comment considérer les animaux ?

A  l'heure ou les débats entre vegans et carnivores tournent à l'invective, ou les spécistes et
antispécistes s'affrontent, et ou la biodiversité est chaque jour un peu plus en danger, il est intéressant de se poser et de se demander ce qui demeure et ce qui évolue dans notre rapport aux animaux. Faut-il protéger la nature en renonçant à notre condition d'omnivore ? Un animal d'élevage est il différent des autres ? Quelle est notre place et notre responsabilité vis à vis des espèces naturelles ? Ces questions et bien d'autres ne manqueront pas d'émerger au cours de la discussion que je prévois très animée.
Et comme un bon repas favorise la discussion je vous aurai préparé quelques mets maison : Carpaccio de Saint-Jacques à la japonaise, Tarte aux cèpes, Salade et fromages, Glace au yuzu.

25 novembre : l'esprit français

Quand on voyage, il est aisé de repérer les français à l'étranger, et pas seulement au-travers des codes vestimentaires. Qu'est-ce qui fait cette particularité dans le comportement ? Comment les français se sentent-ils uniques ? Le sont-t-ils vraiment ? «L’esprit français est un pôle situé entre deux autres: le pôle de l’ironie et celui de l’humour» avance Jean-Francois Mattéi, professeur de philosophie. S’inspirant de Montaigne, il déclare que «l’esprit français c’est la légèreté et la prise de recul». Ce qui le met en danger c’est que ce même esprit «traite aussi des problèmes avec légèreté». Et de conclure: «Les français se croient exceptionnels car ils sont exceptionnels et c’est en cela une exception.»
Nous verrons bien ce qu'en pensent les convives de ce dîner. Il y a fort à parier que chacun ira de sa propre définition et qu'au final la table ressemblera à un banquet d'Astérix...

25 février : Changer de vie !




Quel a été le dossier de "Philosophie Magazine" qui a intéressé le plus de lecteurs ces dernières années ? "Peut-on changer de vie ?" D'où l'idée du thème de cette nouvelle Table d'Hôtes. Voici comment débutait ce dossier : 

Souvent idéal varie. Si l’ère médiévale était calée sur la contemplation, si les temps modernes ont choisi la révolution, notre époque semble portée par la réalisation de soi. Maintenant que les horizons communs se sont évanouis et que la crise économique nous bouscule, sinon plus, l’idée d’une vie en accord avec son désir tend à s’imposer aux esprits. Changer de vie ? C’est à la fois notre dernière chance et notre nouvelle quête. Mais comment s’y prendre ? À écouter les philosophes, il y a cent façons différentes, en fait. L’aventure expérimentale selon Deleuze ou la sculpture de soi selon Foucault ? Par un acte radical, dirait Sartre, ou à l’écoute de nos « transformations silencieuses », suggère François Jullien. Une chose est sûre, nous rappelle Peter Sloterdijk : nul n’est à l’abri de l’imprévisible événement qui réoriente du tout au tout un chemin d’existence.

Idem pour le magazine "Psychologies" dont voici l'introduction :

Prendre un virage à 180 degrés et donner un grand coup d’accélérateur à sa vie, c‘est sans doute le fantasme le mieux partagé. D’autant plus que l’époque plébiscite la mobilité. Chacun n’est-il pas censé vivre plusieurs vies en une ? Amours multiples, familles recomposées, succession de métiers, déménagements : les candidats au changement n’ont-ils pas intérêt à faire un point salutaire sur eux-mêmes ? Quel regard jettent-ils sur leur existence ? D’où vient leur insatisfaction ? Leur rêve est-il réalisable ? L’écueil : confondre évolution et… fuite.

Bref, du grain à moudre pour ce débat, sans oublier cependant ni le dîner, ni de se faire plaisir...

9 avril : vivons nous pour être heureux ?


Il sera très intéressant de recueillir l'avis de chacun au cours de ce dînerCar s'il est légitime, en particulier dans ces temps troublés, de chercher à vivre pour être heureux, de chercher à atteindre le bonheur, il s'agit d'un quête très incertaine.
Vivre pour être heureux, cela signifie aussi chercher le bonheur à tout prix, ne vivre que pour ça. Or, pouvons-nous ainsi tout sacrifier pour le notre bonheur ? Il y a d'autres buts que chacun peut poursuivre et qui peuvent aller à l'encontre de son bonheur individuel : la connaissance, la citoyenneté, la liberté ?
Le bonheur serait-il la seule fin de notre existence, au détriment de toutes les autres, ou bien notre humanité se joue-t-elle aussi ailleurs ?

Impossible de se régaler l'esprit si l'on ne se régale pas aussi les sens. Je vous aurai donc préparé quelques menus mets : Entrée terre, mer, agrumes ; Epaule d’agneau confite et tajine de légumes ; Salade et fromages ; Ganache et marquise chocolat.

6 décembre : L'art du voyage


Chacun se voit généralement en voyageur, et considère les autres comme des touristes, c'est de bonne guerre. Mais ce qui semble mieux distinguer les différentes visions du voyage, ce sont les buts que l'on lui donne. Certains voient le voyage comme un caddie d’expériences à remplir : "faire" les lieux à ne pas manquer, voir plein de choses en un minimum de temps, quelques rencontres "typiques". J’ai pourtant l’impression que l’inverse est plus souhaitable et qu'il faut voyager pour se départir de soi. Décidément, je préfère la vision de Nicolas Bouvier dans L'usage du monde : « Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui même. On croit qu'on va faire un voyage mais bientôt c'est le voyage qui vous fait ou vous défait. […] Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps vous prête ses couleurs. Puis se retire, et vous replace devant ce vide qu'on porte en soi, devant cette espèce d'insuffisance centre de l'âme qu'il faut bien apprendre à côtoyer, à combattre, et qui, paradoxalement, est peut-être notre moteur le plus sûr. »

A débattre !

30 novembre : Qu'est-ce qu'une bonne éducation ?

Il est difficile de considérer la question de l'éducation sans passion car il s'agit d'une génération croisée : l'adulte éduque l'enfant, et cette relation engendre l'éducateur, dont la manière de transmettre compte autant que ce qui est transmis. Pour moi, l'éducation est affaire d'ambition et d'engagement. L'ambition dont il s'agit ici concerne non pas la place sociale - même si on peut légitimement souhaiter le meilleur à sa progéniture sur ce plan-là - mais bien la personne que va devenir l'enfant : lui permettre de s'accomplir dans sa condition humaine et de devenir vraiment un(e). Il s'agit aussi d'engagement et donc de choix car en tant que parent il faut en permanence arbitrer les priorités.

Mais ce n'est là qu'une petite approche de l'éducation et de nombreuses questions se sont posées dans notre débat. Sur les parents mais aussi sur l'école : a-t-on raison, particulièrement en France, de vouloir l'égalité dans l'éducation ? Comment bien considérer l'ensemble des savoirs, savoirs-faire et savoirs-être et ne pas se limiter à la vision utilitariste ? Quid des partisans d’une nouvelle école moderne et électronique contre une ancienne école plus centrée sur elle-même et la transmission de l'instruction ? Etc.

Peut-être l'enjeu commun à ces questionnements serait-il la re-création permanente d'un idéal humain et humaniste. A débattre...

6 avril : « Ou est l’avenir ? »


Rendez-nous notre avenir ! C'est que que semblent dire aujourd'hui l'individu, la société, comme la planète. Dans cette époque de court terme qui semble censurer toute projection dans l'avenir, il me parait intéressant de se demander ce qu'est devenue l'idée même d'avenir et comment le redessiner. Car l'avenir est nécessaire au présent, et comme le notait Lamartine, « je lis dans l'avenir la raison du présent ». Bref, il s'agit de questionner le présent de l’avenir tout autant que l’avenir de l’avenir.

Il nous faut aussi questionner les idées qui sous-tendent les différentes visions de l'avenir. Dira-t-on que l'avenir est une page blanche ? En d'autres termes, que l'avenir serait totalement indéterminé et donc à inventer. Ou bien dira-t-on que l'homme s'enferme dans une destinée, et que l'avenir c'est essentiellement le devenir ?

Mais au-delà, il ne faut pas manquer d'alimenter nos idées avec nos rêves, et répéter avec le poète que « rêver, c’est informer l’avenir ».

Le 16 février : Où en est l'utopie ?


Nous avons tous envie de croire à certaines utopies, mais quelles sont celles qui nous sont nécessaires,
et quelles sont celles qui nous empêchent d'avancer?
A l'origine, l'utopie (utopia) est la description d'une société idéale. Elle procède d'une tradition qui remonte à La République de Platon. L'utopie est aussi un genre littéraire qui s'apparente au récit de voyage mais qui a des sociétés imaginaires pour cadre. Aujourd'hui, le « réalisme » de l’époque disqualifie-t-il toute utopie ? Je ne doute pas que nos débats sur ce point seront animés...

« La réalité n’est qu’un point de vue »



Le 20 octobre, nous avons dîné en discutant autour de cette citation de Philip K. Dick, qui inspira notamment Blade Runner, Total Recall, et Minority Report. Il fut un auteur maudit mais prolifique et visionnaire, en particulier sur la question de la réalité dont ces trois films et leurs romans d'origine se font l'écho. Nous n'avons pas manqué de les commenter, mais aussi exploré de quoi et comment se constitue notre propre réalité aujourd'hui. La plupart étaient partisans d'une réalité faite de projections, de sélections et d’intentions... Et nous avons beaucoup appris sur la réalité du poulpe !!!