La pensée (n'était pas) magique

Beaucoup d'attentes par rapport à ce magnifique sujet ("la pensée magique"), mais nous sommes un peu restés sur notre faim. En effet, nous avons quelque peu tourné en rond et l'écoute des autres n'était pas au menu pour tous. Dommage, nous ferons mieux la prochaine fois, je vais notamment faire évoluer un peu mon mode d'animation. Dans les assiettes par contre, il semble que chacun ait trouvé son compte.

2 commentaires:

Gunter a dit…

En premier, la bibliographie promise : Lévy-Bruhl : La mentalité primitive, M. Mauss et H. Hubert : Esquisse d’une théorie générale de la magie » (in Sociologie et anthropologie) et de Marcel Gauchet : Le désenchantement du monde et Un monde désenchanté ?.
Il est vrai que l’ambiance était par moments quelque peu tendue, mais n’est-ce pas « logique », vu le sujet ? Est-ce étonnant qu’un thème qui touche au plus intime de nous-mêmes, au fondement de notre posture existentielle, à savoir à notre rapport à la religion, à la transcendance, au sacré, au mystère, à l’invisible, etc., puisse faire perdre le calme à certains ? En tout cas, personnellement je préfère que ça brule par moments plutôt qu’un filet constant d’eau tiède, l’idéal – rarement atteint - restant, bien sûr, une intensité sereine…
Les échanges philo, contrairement aux conférences-débat, n’étant que la partie émergée de l‘iceberg, le reste émergeant après, voici la quintessence de mes ruminations post-dîner philo :
On pourrait caractériser la pensée magique comme celle qui confond les désirs avec la réalité. Les réalistes, ceux qui ne veulent pas être dupes (présents samedi dernier), ne pouvaient donc que la récuser avec la plus grande vigueur. Ils ne veulent à aucun prix être dupes (cf. Lacan : « Les non-dupes errent toujours », en même temps un jeu de mot à méditer !), « on ne nous ne la fera plus, ces histoires du père Noël, etc. »
En face, les partisans de la magie, de la toute-puissance de la pensée/désir avaient plus de mal à se faire entendre. La religion rationaliste et scientiste dominante, isssue d'une compréhension étriquée dela philosophie des Lumières, poussent en effet les incroyants dans le camp des irrationalistes, superstitieux ou illuminés.
Mais si la magie, une forme de toute-puissance de l’imaginaire et du désir était inhérente à toute création véritable qui est toujours transgression d’une réalité bien établie, visant l’impossible ?
Picasso, athée invétéré, aimait répéter que son seul rival était Dieu et en mai 68 les manifestants criaient : »Il faut demander l’impossible » ou « L’imagination au pouvoir ! ».
Ne manquons-nous pas aujourd’hui cruellement d’i-magie-nation en politique, enfermés que nous sommes dans le « trop de réalité » (Annie Lebrun) soumis au diktat de l’adaptation (Thatcher, alias Madame Tina : « THERE IS NO ALTERNATIVE ! ») répété inlassablement par les réalistes –factologues - fait-ichistes qui nous gouvernent ?
Je continuerai à réfléchir sur les liens entre magie, imagination, désir (qui vise toujours l’impossible, l’infini) et Création…
Gunter

Anna E. a dit…

« la plus grande découverte de notre époque est que l’homme peut transformer les circonstances de sa vie en changeant ses pensées et ses sentiments ». William James